No hero

Après un galop d'essai franchement réussi avec Black Summer, les éditions Milady remettent le couvert avec un des autres "créator-owned" du duo Ellis Ryp : No Hero.

Milieu des années 60, dans un monde jusqu'alors assez proche du notre, un groupe de super héros fait irruption. Création d'un homme, Carrick Masterson, ayant soumis des volontaires au effet d'une drogue expérimentale dont il est l'inventeur, le FX7, et conférant a ses utilisateurs des aptitudes spécifiques. 2011 Masterson et la front line, sont toujours les seuls super héros et constituent une organisation avec lesquelles les gouvernements doivent composer. Jusqu'alors intouchable ils se retrouvent dans une situation inédite, où deux de leurs membres supposés invulnérables sont mystérieusement assassinés. Obliger de composer avec une menace intangible et un effectif amoindri, Materson doit contourner ses propres règles et recruter un nouveau candidat, Joshua Carver, dont il sait finalement peu de chose.....

S'articulant autour d'un thème cher a Ellis, l'antagonisme entre gouvernement et organisation para gouvernementael, No Hero est une sorte de suite non officiel a Black Summer, ou plutôt un Black Summer qui prendrait le temps de raconter son histoire. Si l'on avait à faire un gros reproche a ce dernier c'est bien celui de ne ne pas avoir su poser son récit et de n'avoir été qu'une course poursuite qui retombe comme un soufflet. Dans No Hero, Ellis prend le temps de développer ses personnages ainsi que l'univers qui les entoure. Le recourt fréquent au flash-back, permettant de retracer l'histoire de ce groupe pas vraiment super héroïque et de son leader.
Comme a son habitude Ellis revient sur les mêmes sempiternelles questions qui sont la marque de fabrique des comics de superhéros tendance bad-guy. Les superhéros ne sont-ils pas que de sinistres imposteurs qui ne servent que leurs propres intérêts ? Doit-on confier un si grand pouvoir aux mains d'une élite incontrôlable ?
Ellis ne laisse pas vraiment transpirer de réponse et laisse a son lecteur le soin de se faire un avis. Après tout, ce genre de thème a tellement été souvent abordé, que chacun a déjà du pouvoir se forger une idée.
Évacuant rapidement les thèmes relatifs à des choix moraux, Ellis s'en donne a cœur joie et part dans un délire absolument orgasmique de scènes gores, à tel point que l'on se demande parfois comment le corps humain peut contenir autant de sang. Jouant dans la surenchère et les limites du supportable voire du mauvais goût , Ellis termine sur une note grandiose, trouvant une utilisation inédite pour la colonne vertébrale d'un des personnages.
Accompagné aux dessins par Juan José Ryp dont le style, comme l'a fait remarqué quelqu'un sur le forum dont j'ai oublié le nom, est très proche de jeff Darrow, notamment par la présence d'un nombre de détails quasiment surréalistes. J'émettrai tout de fois un bémol sur Ryp. Ses visages sont dramatiquement moches, proches de ceux très anguleux et allongés d'un Howard Chayking en petite forme.
Force est de reconnaître que No Hero est une vraie réussite sur de nombreux points, la seule chose qu'on peut lui reprocher c'est de ne pas être une série régulière, tant les personnages et l'univers, surtout développés aux dernières pages, semblent prometteur.

Et puis pour finir, bein oui elle est déjà longue cette critique, un coup de chapeau au édition Milady pour leur superbe travail éditoriale, les couvertures originales, ainsi que la qualité générale du bouquin qui frise la perfection.